Le taux d’impunité pour les crimes commis contre les journalistes dans le monde reste extrêmement élevé d’après des chiffres de l’UNESCO. Depuis 2006, moins de 7% de ces crimes ont été traduits en justice. En Afrique, sur 131 cas de journalistes tués entre 2006 et 2015, seuls cinq ont été portés devant la justice.

L’UNESCO et la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples organisent un dialogue inter-régional le 10 septembre prochain à Arusha (Tanzanie) afin de sensibiliser les professionnels du droit en Afrique et de renforcer leur capacité dans les domaines de la liberté d’expression, de la sécurité des journalistes, et les sensibiliser aux moyens existant pour mettre fin à l’impunité et à la nécessité de dépénaliser la diffamation.

La protection légale des journalistes dans l’exercice de leur profession est une condition préalable importante à la liberté d’expression, explique Frank La Rue, Sous-Directeur général de l’UNESCO pour la communication et l’information. « Tant que les journalistes risquent d’être menacés, détenus arbitrairement ou tués parce qu’ils informent le public, la liberté d’expression sera restreinte et la société ne sera pas en mesure d’effectuer des choix éclairés », explique-t-il.

« Les mécanismes judiciaires et quasi judiciaires liés aux droits de l’homme en Afrique, tels que la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples et la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples, jouent un rôle essentiel dans le développement de l’Etat de droit en Afrique, notamment pour ce qui est du respect de la liberté d’expression, de la sécurité des journalistes et de la fin de l’impunité », déclare Faith Pansy Tlakula, Présidente et Rapporteur spécial sur la liberté d’expression et l’accès à l’information en Afrique, qui interviendra au cours du séminaire.

A ce jour, seuls 30 Etats font partie de la Cour africaine sur les 54 que compte le continent africain. Seuls sept pays permettent à leurs citoyens de présenter des cas directement devant la Cour africaine. L’événement vise donc aussi à encourager davantage de pays africains à ratifier le Protocole de la Cour afin de devenir partie intégrante de l’organe judiciaire régional.

Des avocats, des juges, des professeurs de droits, des fonctionnaires des ministères de la justice de plusieurs pays africains ainsi que des représentants d’organisations non gouvernementales et intergouvernementales qui défendent la liberté d’expression prendront part au séminaire. Augustino Ramadhani, Président sortant de la Cour africaine, prononcera le discours d’ouverture de cet événement qui se composera de trois sessions développant les sujets suivants : la jurisprudence africaine et les standards internationaux, la capacité des acteurs judiciaires au niveau national et le Protocole et la Déclaration de la Cour africaine.

Cet événement est organisé en préparation de la Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre les journalistes, commémorée le 2 novembre.[/column]