Tunisie: La FIJ demande un dialogue sur l’indépendance du service public de l’audiovisuel
Bruxelles, 20 juin 2017
Le limogeage par le gouvernement tunisien du PDG de la Télévision nationale tunisienne, Elyes Gharbi, le 16 juin dernier s’inscrit dans une tradition de contrôle autoritaire des médias d’état, rappelle la Fédération internationale des journalistes (FIJ). Elle se joint à son affilié le Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT) pour demander un dialogue sur l’indépendance et l’avenir de l’audiovisuel public.
Depuis 2011, les gouvernements tunisiens successifs se sont attachés à interférer dans la gestion de l’audiovisuel public, tant au niveau du management que de la ligne éditoriale, en violation de la législation tunisienne et de la constitution du pays. Dans un communiqué du 17 juin, le SNJT a ainsi critiqué une décision de limogeage d’Elyes Gharbi s’inscrivant «dans la continuité de la politique du gouvernement, opposée au principe de l’indépendance de l’information publique».
«La Tunisie doit respecter ses engagements en faveur de la Déclaration sur la liberté des médias dans le monde arabe, signée en août 2016 par le Président tunisien Beji Caid Essebsi, les groupes parlementaires et les institutions publiques», a rappelé le Président de la FIJ Philippe Leruth.
La déclaration comporte notamment dans son article 11 des dispositions en faveur de l‘indépendance du service public de l’audiovisuel. Elle stipule ainsi que «Tous les médias publics doivent être protégés contre les ingérences politiques, jouir d’une indépendance de gestion financière et éditoriale, et rendre des comptes au public plutôt qu’au gouvernement ou à tout autre acteur politique. Cela devrait être réalisé, entre autres, en conférant la surveillance générale de ces médias à un conseil de direction indépendant, tout en laissant les décisions éditoriales aux mains des employés».
La FIJ rappelle que la réforme de la radiotélévision publique en Tunisie est loin d’être une question technique. Elle implique un processus politique impliquant le SNJT, en tant que représentant de tous les journalistes travaillant dans le média public, le parlement et la Haute Autorité Indépendante de la Communication Audiovisuelle (HAICA), afin qu’ils s’accordent sur des principes de réforme et une feuille de route incluant l’obligation pour le gouvernement de se conformer aux normes internationales en matière de liberté de la presse. «Ignorer ce processus serait trahir le peuple tunisien et leur droit à un service public de l’audiovisuel indépendant conforme à sa mission et à son mandat», indique la FIJ.
La Fédération se range aux côté du SNJT et de sa demande d’organiser urgemment un dialogue entre toutes les parties intéressées afin de garantir l’avenir du service public de l’audiovisuel tunisien et son indépendance.
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